La compréhension de l’oral aux épreuves du baccalauréat

, par Catherine Torres, Elisabeth Thomas

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Les nouvelles modalités d’évaluation au baccalauréat comportent pour toutes les séries une évaluation de la compréhension orale. Pour la série L, il s’agit d’une évaluation dans le cadre de l’expression orale en interaction. Pour les autres séries, il s’agit d’une épreuve à part entière. Vous trouverez ci-joint un document accompagnant la mise en place de cette épreuve comportant le descriptif de l’épreuve, le récapitulatif des coefficients, des conseils pour les entraînements, des recommandations pour l’élaboration des supports et l’organisation des épreuves dans l’établissement.

Des professeurs réunis en groupe de travail proposeront dès la rentrée le résultat des expérimentations menées avec leurs élèves, des exemples de séquences d’entraînement, de supports didactisés et d’évaluations d’élèves à l’aide des grilles.

Un travail similaire est mené sur l’expression orale. Un document destiné à vous aider à entraîner et à évaluer vos élèves à présenter les notions du programme est en cours d’élaboration. Ce document et des enregistrements de productions d’élèves seront mis en ligne au cours du premier trimestre.

Définition de l’épreuve BO du 24-11-2011

Définition de l’épreuve BO du 24-11-2011 :
 http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=58313

La compréhension de l’oral (LV1 et LV2)
Epreuve de langues vivantes obligatoire
pour les séries ES, S, STI2D, STD2A, STG, ST2S et STL
Pas d’épreuve spécifique pour la série L

Le niveau attendu en référence à l’échelle de niveaux du CECRL est
 B2 « niveau avancé ou indépendant » pour la langue choisie en LV1 et
 B1 « niveau seuil » pour la langue choisie en LV2.

 Durée  : 10 minutes (le temps d’écoute n’est pas inclus dans cette durée)

 Conditions de passation de l’épreuve
Cette évaluation a lieu dans le cadre habituel de formation de l’élève. Elle est annoncée aux élèves.
Les enseignants l’organisent au cours du deuxième trimestre de l’année de terminale sur des supports, audio ou vidéo, qu’ils sélectionnent en fonction des équipements disponibles dans les lycées et des apprentissages effectués par les élèves. Elle s’appuie sur des documents enregistrés liés aux notions du programme mais non étudiés précédemment en classe.

Il pourra s’agir de monologues, de dialogues, de discours, de discussions. Il pourra s’agir d’extraits d’émissions de radio, de documentaires, de films, de journaux télévisés. Il ne s’agira en aucune façon d’enregistrements issus de manuels ou de documents conçus pour être lus.

La durée de l’enregistrement n’excédera pas une minute trente. Le professeur peut également choisir d’évaluer les candidats à partir de deux documents. Dans ce cas, la longueur n’excédera pas une minute trente pour l’ensemble des documents et on veillera à ce qu’ils soient de nature différente : dialogue et monologue.
Le titre donné à l’enregistrement est communiqué aux candidats.

Les candidats ont trois écoutes de l’enregistrement, séparées chacune d’une minute. Ils peuvent prendre des notes pendant chaque écoute. Ils disposent ensuite de dix minutes pour rendre compte par écrit en français de ce qu’ils ont compris, sans exigence d’exhaustivité.

Pour chaque candidat, le professeur établit son évaluation à partir de la fiche d’évaluation et de notation correspondant à la langue (LV1 ou LV2) présentée en annexe du BO.
 http://media.education.gouv.fr/file/43/17/1/fiches_evaluation_200171.pdf

Cette fiche a le même statut qu’une copie d’examen. À l’issue de cette évaluation, le professeur formule une proposition de note et une appréciation. Cette proposition de note ainsi que l’appréciation ne sont pas communiquées au candidat.

Entraîner la compréhension orale

Vous trouverez sur le site académique d’allemand un dossier en ligne consacré à la compréhension orale et relatant différentes expérimentations réalisées par des formateurs d’allemand en 2009-2010 :
 https://allemand.ac-versailles.fr/spip.php?article287

Faire écouter un document, proposer différents items à cocher, puis donner la solution lors de la mise en commun ne peut en aucun cas constituer un entraînement efficace. L’élève qui n’a pas compris le texte et à qui on apporte les réponses attendues sans l’aider à déterminer l’origine de ses difficultés, à analyser la pertinence des stratégies qu’il met en œuvre ne peut, au moment de la mise en commun, que se sentir condamné à un échec répété.

Entraîner la compréhension orale, c’est :

  • Proposer plusieurs situations d’entraînement sur une même thématique ou sur des thématiques proches dans un même champ lexical, en intercalant des phases de lecture, d’expression écrite ou orale permettant de mémoriser le lexique, d’acquérir progressivement des connaissances et des compétences ;
  • Favoriser l’attention (attention vient de ad-tendere : tendre vers…). Il convient donc d’une part de déterminer l’objet susceptible de focaliser l’attention, d’autre part d’installer des conditions favorables à l’écoute, activité individuelle par excellence, veiller au silence, à la concentration ;
  • Garantir de bonnes conditions acoustiques pour l’ensemble de la classe ;
  • Motiver l’écoute, c’est lui donner du sens en l’inscrivant dans un projet pédagogique susceptible d’intéresser les élèves dans le cadre du programme culturel. L’élève écoute pour apprendre, comprendre, découvrir, ….
  • Mettre les élèves en confiance en s’appuyant sur leurs réussites, en leur fournissant éventuellement des aides dont ils apprendront progressivement à se passer ;
  • Entraîner la mémorisation en s’appuyant sur les autres activités langagières de compréhension écrite, expression écrite, expression orale ;
  • Favoriser la mise en œuvre de stratégies de construction du sens en donnant des repères, en faisant expliciter la démarche ;
  • Proposer des situations d’entraînement – dans la classe et hors la classe - permettant à l’élève de repérer ses compétences, mais aussi ses difficultés éventuelles ;
  • Instaurer des temps de bilan, de mémorisation du lexique entre deux situations d’entraînement ;
  • Jouer sur les connexions et l’interdépendance entre la compréhension orale et les autres activités langagières (lire, écrire, parler pour mieux écouter…) dans le cadre de travaux par groupes de compétence par exemple ;
  • Donner à chacun des axes de progrès (en s’appuyant sur les descripteurs du CECRL) pour faciliter le passage de A2 à B1, de B1 à B2 ;
  • Donner aux élèves l’occasion de formuler dans la langue cible ce qu’ils ont compris, les faits énoncés ou relatés, la thèse soutenue par le locuteur, les arguments, les exemples, ce qui constitue un entraînement efficace aux autres activités langagières. Cela leur permet de s’approprier les moyens linguistiques dont ils auront besoin pour rendre compte, en expression écrite ou orale, des travaux effectués dans l’année en lien avec les notions culturelles des programmes en dégageant les problématiques qu’elles sous-tendent.

Les difficultés liées au décryptage du message peuvent se situer à différents niveaux :

    • Au niveau du décodage acoustique, du repérage des sons, en particulier concernant la perception des sons qui n’appartiennent pas à la langue maternelle.
    • Au niveau du décodage phonétique, du repérage des phonèmes et des unités de son Il est à noter que la langue allemande ne présente pas de difficulté particulière pour les français à ce titre.
    • Au niveau du décodage phonologique et du repérage des intonations, des accents.
    • Au niveau du décodage lexical et du repérage des mots (unités de sens). Des mots familiers dans un contexte nouveau ou perturbé peuvent ne pas être facilement identifiés. Il peut être difficile de discriminer des unités de sens (lexèmes) même sur une chaîne sonore plus ou moins standard à cause de quelques variations de prononciation. Le déficit lexical avéré chez certains élèves constitue un obstacle majeur pour l’accès au sens : un répertoire lexical trop restreint ne permet pas en effet de mettre en œuvre des stratégies de compensation, de déduction ou d’inférence.
    • Au niveau du décodage sémantique : La construction du sens s’appuie bien évidemment sur les décodages précédents mais dépend également, en fonction des documents, de tout un réseau complexe de savoirs culturels et civilisationnels, de représentations, du raisonnement logique mais aussi de l’imagination…Un élève peut très bien avoir identifié le sens de différents mots, mais ne pas avoir été capable de construire le sens global. Comment l’aider dans cette approche progressive de construction du sens ? Quelles étapes intermédiaires peut-on proposer ?

Il s’agit, dans la mesure du possible, de proposer un accompagnement personnalisé pour permettre à chaque élève d’être capable d’une part d’accéder au sens du document sonore, d’autre part d’en assurer la restitution, écrite ou orale. Les nouvelles technologies (MP3, labo multimédia, balado-diffusion, tableau numérique interactif) permettent de proposer des entraînements à partir de supports variés et différenciés en fonction du niveau de compétence des élèves. La banque Audio Lingua sur le site de l’académie de Versailles propose des supports d’entraînement variés, classés par thématique, durée et niveau du CECRL. C’est un outil largement utilisable en classe mais aussi en dehors la classe dans différents contextes d’apprentissage (introduire une thématique/ une problématique, entraîner et/ou évaluer la compréhension orale…). On n’hésitera pas, dans cette perspective, à recourir au témoignage de locuteurs natifs (assistants de langue, élèves ou professeurs germanophones présents dans le cadre d’un échange…)

A éviter à tout prix : un entraînement exclusif à la restitution en français.


L’épreuve de baccalauréat prévoit certes une restitution du texte en français, mais nous préconisons vivement que les situations d’entraînement puissent être différentes de la situation d’évaluation. L’usage du français doit rester tout à fait marginal en cours de langue, la langue de communication dans la classe cible doit rester la langue cible.

Nous vous proposons les documents suivants qui pourraient vous aider à construire une démarche d’entraînement/ d’évaluation de la compréhension orale.

  1. Inscrire le document sonore dans une problématique en lien avec une des notions du programme.
    Le document sonore – audio ou vidéo- est avantageusement préparé en amont ou complété ensuite par d’autres documents donnant lieu à des entraînements à la compréhension écrite, expression écrite ou orale, l’ensemble de ces quelques documents constituant un dossier autour d’une même problématique clairement identifiable par l’élève. Le document sonore servant d’entraînement ou d’évaluation doit être en lien avec ce qui est étudié en classe.
    .
  2. Mettre en place des entraînements réguliers.
    Les élèves doivent apprendre à construire des réseaux de sens en s’appuyant sur leurs connaissances et en mettant en œuvre des stratégies de compréhension (émettre des hypothèses, déduire, induire, identifier des mots en contexte….)
    Ils doivent apprendre à utiliser les temps de pause pour prendre des notes, en prenant des repères au fil des différentes écoutes.
    Dans le cadre des entraînements, on peut envisager de proposer aux élèves une grille de guidage (cf. ci-dessous) s’appuyant sur les descripteurs de cadre européen de référence pour les langues rappelés en annexe. Cette grille ne peut être utilisée pour l’évaluation au baccalauréat. Il s’agit avant tout de baliser le chemin d’apprentissage de l’élève, de l’aider à prendre conscience de ses points forts et de ses faiblesses et de le mettre en projet de progresser.
Niveau Mots repérés dans la langue cible Sens repérés en français Eléments de compte rendu dans la langue cible Eléments de compte rendu en français
A1 : Eléments isolés.
A2 : Faits, situation, lieu, moment, personnages….
B1 : Cohérence chronologique et logique, articulation des éléments
.
B2 : Repérage de l’implicite et du contexte, notion de point de vue .

.

  1. Articuler les entraînements à la compréhension orale avec les autres activités langagières.
    Les stratégies de lecture (inférer le sens, émettre des hypothèses, déduire le sens, s’appuyer sur les mots transparents…) participent à la construction des compétences en jeu pour construire le sens d’un message oral. L’expression orale entraîne la mémorisation, la mise en cohérence d’éléments isolés, la compétence lexicale, de même que l’expression écrite.
  2. Veiller à la construction de la compétence lexicale
    La méconnaissance du lexique constitue une entrave essentielle pour accéder au sens. La reconnaissance d’un mot, même connu, à l’oral exige une maîtrise de sa phonologie, de son utilisation en contexte, de la sémantique.
    Cf L’aventure du lexique (CRDP Lille)

Choisir un support pertinent pour évaluer la compréhension orale au baccalauréat

Il peut s’agir de documents audio ou vidéo sélectionnés en fonction des équipements disponibles dans les lycées (labo multimédia, lecteur de CD, lecteur MP3…) et des apprentissages effectués par les élèves.

Elle s’appuie sur des documents enregistrés liés aux notions du programme mais non étudiés précédemment en classe.

Il pourra s’agir de monologues, de dialogues, de discours, de discussions. Il pourra s’agir d’extraits d’émissions de radio, de documentaires, de films, de journaux télévisés. Il ne s’agira en aucune façon d’enregistrements issus de manuels ou de documents conçus pour être lus.

La durée de l’enregistrement n’excédera pas une minute trente. Le professeur peut également choisir d’évaluer les candidats à partir de deux documents. Dans ce cas, la longueur n’excédera pas une minute trente pour l’ensemble des documents et on veillera à ce qu’ils soient de nature différente : dialogue et monologue.
Le titre donné à l’enregistrement est communiqué aux candidats.

Le support doit être choisi pour permettre d’évaluer ces différents niveaux.

Les 3 paramètres à considérer :

 Le thème, le sujet traité
Les niveaux A2/B1/B2 ont un point commun : un thème familier aux élèves. Quand on choisit un support directement en lien avec le contenu de l’enseignement, on est calé par rapport à ces trois niveaux. Le titre doit être choisi avec soin, c’est une des clés d’entrée dans le texte.

 La nature du texte
Le texte officiel propose une grande palette.
B1 informations factuelles, conversations comportent des informations sur des faits, extraits de médias ou de films, récits courts.
B2 : conférences, exposés, discours, documentaires, extraits de films… Choisir des documents qui comportent des faits identifiés extraits de films ou de médias ou des récits.

 Les caractéristiques formelles
Il faut que, dans ces textes, le lexique soit d’une fréquence très élevée dans le domaine abordé. Il convient d’éviter le lexique trop spécialisé.
On accordera une importance à la richesse des structures et des énoncés fonctionnels dans une langue orale authentique (pas d’écrit oralisé). L’élocution doit être authentique mais claire, la langue standard avec un accent courant (B1). Si l’on n’a pas cette exigence, on perdra des élèves de niveau B1. Il ne faut pas que des bruits de fond trop importants nuisent à la qualité du support proposé. (A2 et B1). Les textes doivent être bien structurés même lorsqu’il s’agit de dialogues (B1). On évitera un trop grand nombre de noms propres qui portent préjudice à la compréhension, on vérifiera que les mots porteurs de sens ne soient couverts par des bruits ou des nuisances. Les textes doivent comporter un certain nombre de faits, mais aussi des prises de position pour évaluer le niveau B2. Les supports doivent être riches, sans hyperspécialisation.

Il est ainsi essentiel d’analyser au préalable le document support d’entraînement à la compréhension orale.
L’analyse précise du support d’entraînement ou d’évaluation par le professeur constitue une étape essentielle. Un travail d’équipe peut s’avérer très constructif. Il convient d’accorder une importance particulière au titre du document support de l’évaluation : il doit servir à contextualiser le support sans donner des informations trop précises ou susciter des représentations erronées. Nous vous proposons la grille d’analyse suivante :

Analyse du document oral audio ou vidéo retenu pour l’évaluation
Titre : ........................ Thématique : ..................... Champ lexical : .................
Notion (s) culturelle(s) du programme :
Domaine :
Problématique :
Entraves à la compréhension :
Aides à la compréhension :
Noter pour chacun des niveaux, en fonction des descripteurs du CECRL et des grilles d’évaluation, les éléments attendus.

Eléments à repérer Remarques
A1 Quelques éléments isolés permettant une amorce de compréhension ......
A2 - Eléments permettant d’identifier les points essentiels (situation, lieu, moment, personnage, thème)

 Compréhension partielle, lacunaire ou superficielle.

......
B1

(LV2)

- Détails significatifs et les articulations chronologiques et logiques essentielles

 Points principaux de la discussion.

 Compréhension satisfaisante.

......
B2

(LV1)

 Eléments relevant davantage de la compréhension plus fine, voire de l’implicite / Attitude et point de vue du/des locuteur(s)

 Compréhension fine

......

Les conditions de passation de l’épreuve

Il convient de garantir des conditions d’écoute optimales à tous les élèves : la passation peut se faire dans une salle de classe dont on aura vérifié au préalable l’acoustique. Il faudra prévoir d’installer plusieurs enceintes dans la salle s’il y a de nombreux élèves. La passation peut se faire en labo multi media avec diffusion générale sans accès direct au document : l’élève ne doit écouter le document que trois fois avec une pause d’une minute entre les enregistrements. Il est vivement recommandé de préparer le document audio / vidéo sous cette forme.

Les conditions de passation doivent être équivalentes pour tous les élèves : on ne peut laisser les élèves travailler seuls avec des MP3.

Créer un support audio avec le logiciel Audacity

Pour savoir comment utiliser le logiciel gratuit et libre Audacity, vous pouvez consulter l’article sur le portail langues :
 http://www.langues.ac-versailles.fr/spip.php?article478

Comment construire son évaluation pour la CO au bac ?

Trois démarches concrètes d’évaluation par trois professeurs à partir de copies d’élèves - Compte rendu d’expérimentations.
A lire ici

Téléchargements

 Télécharger cet article en format pdf.
 Télécharger la synthèse des descripeturs du CECRL pour la CO en pdf.
 Télécharger la fiche d’évaluation et de notation du BO : http://media.education.gouv.fr/file/43/17/1/fiches_evaluation_200171.pdf

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