Résumer six mois d’une vie n’est pas chose facile, surtout lorsqu’il s’agit de faire le sommaire d’une nouvelle expérience aussi enrichissante. Ce séjour en Allemagne me fit sans doute grandir de plusieurs années en l’espace de six petits mois riches en émotion et en émerveillement. La vie en Allemagne n’est pas la vie en France, elle a ses petits plus qui changent la vie, et ses petits moins. Je ne crois pas que l’on puisse dire que l’un ou l’autre système soit le meilleur, j’ai simplement constaté que les deux systèmes étaient très différents.
Commençons donc par l’école puisque ce voyage a eu lieu dans un but primitivement scolaire. Leur système scolaire est très différent du notre : les cours ne durent que trois quarts d’heure et la journée ne compte pas plus de six cours. Certains pédagogues trouveront la méthode excellente pour la concentration des élèves, mais l’ambience étant (tellement) détendue que je doute de la réelle efficacité. Mais un constat s’impose tout de même : le niveau en langue y est très élevé alors que le niveau en science y est assez faible (j’étais le premier de ma classe de maths). Comme je l’ai dit, l’ambiance est très détendue et les relations avec les enseignants sont beaucoup moins distantes que chez nous, voire amicales.
Le quotidien allemand est aussi très différent. Tout d’abord au niveau des repas : la varieté n’est pas de mise, et la consommation de pains et charcuteries est quelque peu excessive, voire hégémonique. Le repas du midi n’existe pas, notamment à l’école : notre traditionnelle cantine n’a pas sa place dans l’école allemande. Les journées se terminent tôt et laissent place à de nombreuses activités extrascolaires et notamment sportives, laissant le samedi libre pour des activités d’ordre culturel et festif.
Après six mois, mes connaissances linguistiques me permettaient d’évoluer facilement partout et de suivre parfaitement une conversation. Malheureusement, ceci se perd un peu au fil du temps par manque de pratique.
Les mentalités ont évoluées. L’Allemand n’est plus l’homme très ordonné et obéissant typique du troisième Reich dont le Français de base aime tirer la satire. On sent dans la population une véritable volonté de se détacher de son passé et d’aller de l’avant. Les jeunes que j’ai côtoyés ont l’esprit festif et les mêmes goûts que ceux que je côtoie aujourd’hui en France (sans doute un goût américain, là n’est pas la question ! ). Mais au niveau de la génération de mes parents, l’Allemagne reste très contrasté. Ce pays n’a pas une histoire facile, et j’ai passé mes six mois au cœur de la guerre froide : Berlin. La population est bien sûr unifiée, mais malgré toutes les apparences, le clivage Est/Ouest reste d’actualité. J’ai personnellement rencontré des personnes nostalgiques de la DDR (RDA) : ils avaient alors un emploi et un salaire tous les mois. Aujourd’hui la vie leur semble plus dure, plus incertaine quant à l’avenir. La population allemande reste tout de même optimiste et tournée vers l’Europe qui place plus que jamais l’Allemagne au coeur de l’Union.
Aujourd’hui je suis en terminale scientifique et je compte étudier la physique. Je ne sais pas encore si je me tournerai prochainement vers l’Allemagne, mais ce dont je suis certain c’est que ce séjour m’a offert un épanouissement personnel exceptionnel et j’en ressors avec une superbe image de l’Allemagne.
J’encourage tout élève souhaitant participer au programme. C’est un fantastique apprentissage de la vie, une chance inespérée de s’ouvrir l’esprit facilement et dans la bonne humeur.
Antoine - novembre 2004