Présentation de l’expérimentation
– Classe concernée par l’expérimentation :
Elèves de troisième en difficulté (certains ont un niveau de compétence A2)
– Observations :
Les élèves sont paniqués dès lors que le professeur annonce un entraînement à la compréhension de l’oral. Ils ont l’impression de ne jamais être à la hauteur dans la pratique de cette activité langagière. Les évaluations révèlent un niveau de compétence A2.
– Diagnostic :
Les élèves connaissent en théorie les stratégies de la compréhension de l’oral, mais ils ne les ont pas intégrées et donc ne savent pas les mettre en œuvre lors des activités.
– Objectifs :
Entraîner les élèves à comprendre « des expressions et un vocabulaire très fréquents relatifs à ce qui les concerne de très près »(1) et à « saisir l’essentiel d’annonces et de messages simples et clairs » (2) pour les remettre en confiance et les impliquer dans leur apprentissage.
(1)+ (2) : Descripteurs du CECRL
– Niveaux visés : A2
La mise en œuvre de l’expérimentation
Phase préliminaire :
Dans un premier temps, les élèves sont invités à exprimer avec leurs propres mots par écrit et de manière anonyme : « ce qui se passe dans leur tête » lorsque le professeur indique que l’on va s’entraîner à la compréhension de l’oral.
Exemples de témoignages :
« Dès que je vois le lecteur CD, je bloque.
Cela va trop vite.
J’essaie de voir les mots mais il faut que j’écoute plusieurs fois ».
Pourtant, lorsque l’on interroge ces élèves de troisième sur les stratégies à développer pour réussir la compréhension de l’oral, ils savent les citer : émettre des hypothèses avant l’écoute, repérer les mots clefs, s’imaginer la scène, repérer le ton des personnages... On peut donc en déduire qu’il est inutile de les répéter encore, il faut plutôt entraîner les élèves de manière à ce qu’ils acquièrent des réflexes et d’autres stratégies peut-être plus concrètes.
Expérimentation :
Tâche : Comprendre un emploi du temps (repérer les jours et heures des activités de plusieurs personnages).
Première écoute : repérer les jours
Les élèves sont en échec. Ils ont parfaitement compris les jours, mais ils n’ont pas le temps de noter. Une idée émerge alors du groupe : noter les noms des jours en abrégé (Mo/Di) puis les écrire ensuite en entier après l’écoute.
Deuxième écoute : bilan positif.
Troisième écoute : noter les horaires des activités.
(La compréhension et l’expression des heures a été réactivée en amont).
Echec. Lors d’un dialogue en classe entière, les élèves disent entendre les chiffres mais ne pas « voir » à quelle heure cela correspond. On décide donc avec le groupe d’écrire en abrégé et en lettres (ex : Viertel nach fünf) puis de retranscrire cela en chiffres (soit : 5.15 Uhr) pour la mise en commun.
L’élève a en effet besoin de temps pour mettre du sens derrière ce qu’il entend.
Dernière écoute : bilan positif.
Les élèves rédigent avec leurs propres mots les nouvelles stratégies qu’ils viennent de découvrir :
« Je comprends, mais je n’ai pas le temps d’écrire donc j’écris en abrégé puis je retranscris. »
« Je me dis dans la tête des mots allemands que je suis susceptible d’entendre suivant la consigne d’écoute et le thème abordé. »
« J’anticipe, je me mets en condition au lieu de stresser lorsque je vois le prof sortir le magnéto. »
Bilan et perspectives
Les élèves de troisième connaissent souvent très bien en théorie les stratégies d’écoute mais ils ne se les sont pas appropriées. Elles demeurent des conseils prodigués par le professeur. L’élève doit apprendre à développer ses propres stratégies d’écoute et de transcription, car il comprend plus que ce dont il est parfois capable de rendre compte. Pour cela, il faut le remotiver à l’aide de tâches d’écoute faciles à réaliser et engager un dialogue de manière à ce qu’il s’implique davantage et avec autonomie dans cet entraînement. Ainsi, le professeur pourra peu à peu mener l’élève de troisième vers le niveau A2+ puis B1 en compréhension de l’oral.