« Entraîner, évaluer la compréhension orale »

Comment améliorer l’attention des élèves en compréhension de l’oral ? Donner du sens à l’activité et motiver l’écoute

, par Delphine Kumar

Présentation de l’expérimentation

 Classe concernée par l’expérimentation :
Classe de 5ème bilangue (31 élèves).
 Observations  :
Groupe d’élèves de bon niveau dans l’ensemble (A1 en CO et EE, A2 en EO et CE), avec une excellente tête de classe d’une dizaine d’élèves (A1 en CO, A2 en CE, EE et EO).
 Diagnostic de début d’année :
Malgré un profil d’élève travailleur et motivé, la compréhension de l’oral demeure une activité langagière redoutée, suscitant souvent un sentiment de panique. Cette angoisse entraîne un manque de concentration, perturbant gravement les conditions d’écoute et de ce fait une bonne réception du document sonore. Voici une phase d’élève (d’un très bon niveau) tirée d’un autobilan sur l’écoute d’un document sonore en classe :

« Je trouvais que ça allait trop vite, qu’il y avait trop de mots inconnus, donc je ne comprenais plus rien et je me bloquais. »

 Objectifs  :
Il s’agit de surmonter l’angoisse de l’inconnu des élèves grâce à l’instauration d’un nouveau rituel d’écoute.
 Niveau visé : A2 (collège)

La mise en œuvre de l’expérimentation

Pour instaurer un rituel, tous les élèves doivent aller chaque semaine sur un site internet grâce auquel ils peuvent écouter les informations allemandes, adaptées à un public d’enfants. Ils prennent des notes dans la langue qu’ils souhaitent et la restitution en classe se fait également en allemand ou en français.

Sites  :

Chaque semaine, la séance débute donc par dix minutes consacrées à un échange des informations entendues. Malgré le débit rapide des journalistes, les élèves se prêtent aisément et bien volontiers à ce nouveau rituel. Cette activité les familiarise non seulement à une langue allemande authentique, mais elle permet surtout de dédramatiser cet entraînement et le motiver en tissant un lien presque affectif entre l’élève et cet exercice hebdomadaire. Le fait qu’il n’y ait aucune contrainte, que l’élève puisse choisir le thème qui l’intéresse et -pour le démarrage- la langue de la restitution, contribue à la réussite de cette expérience.

Dans un premier temps, la restitution de ce qu’ils écoutent s’effectue en plénière. Cela confère à ce rituel une certaine importance et contraint les élèves à tous le faire avec sérieux. Il s’agit d’un devoir à la maison libre, mais non facultatif. En début d’année scolaire, j’ai pris le soin d’expliquer les enjeux de cet entraînement et d’insister lourdement sur la nécessité de faire ce travail hebdomadaire (cf. annexe). Sans régularité de l’écoute, le rituel perd en efficacité. Au bout d’un mois, la restitution peut se faire en autonomie : pendant 10 minutes (toujours une fois par semaine), chaque élève se lève pour aller demander à deux ou trois camarades le sujet qu’ils ont écouté. Le professeur passe dans les rangs, sans intervenir, pour noter les sujets choisis et naturellement écouter ce qui est raconté.

A la fin de l’année a été distribuée une fiche-bilan sur ce rituel (cf. annexe). Les résultats ont été unanimes : tous avaient apprécié cette expérience. Dans beaucoup de fiches, on pouvait lire :

« Je comprends mieux les documents sonores du manuel », « J’ai moins peur de cet exercice », « J’ai l’impression que ça a exercé mon oreille ».

Bilan et perspectives

Dans cette situation d’entraînement de la compréhension de l’oral expérimentée, les résultats sont positifs. Ce rituel permet d’entraîner régulièrement la compréhension de l’oral de façon autonome, de mobiliser l’attention des élèves lors des restitutions en classe, de favoriser la mémorisation du lexique. La régularité de cet entraînement est nécessaire pour développer davantage les compétences des élèves en compréhension de l’oral. Dans l’ensemble, les élèves sont moins anxieux et se montrent motivés par ce type d’entraînement en autonomie. Naturellement, cette piste est indissociable d’autres aides à la compréhension, d’un projet d’écoute global et de la séquence proprement dite. Elle montre son efficacité dans la motivation et l’attention des élèves mais n’est pas exclusive.

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