Préparation de l’interview de l’auteure Elisabeth Etz au lycée Auguste Renoir d’Asnières en partenariat avec le professeur documentaliste
Monsieur CADILLON, professeur documentaliste du lycée Auguste Renoir présente la manière dont il a préparé les élèves à réaliser une interview
Cadre :
Dans le cadre de l’étude du roman Manchmal dreht des Leben einfach um et de la rencontre de son auteure lors de sa venue en France, nous avons décidé de préparer les élèves pour une interview.
Il a été convenu que je m’occuperais de la partie méthodologique de l’interview en ma qualité de professeur documentaliste. Ainsi les élèves ont pu apercevoir le travail de préparation d’un journaliste avant la rencontre et se familiariser avec les règles inhérentes à toutes professions médiatiques.
Déroulement :
1. Remue-méninges/brainstorming
Lors de la séance introductive, il a été demandé aux élèves la différence entre les termes suivant : entrevue, entretien et interrogatoire.
Nous avons noté au tableau les différentes définitions qu’ils nous donnaient puis en les guidant nous sommes arrivés au terme d’ "interview" qui rassemble les caractéristiques des trois autres termes à savoir : "rencontre concertée", "action d’échanger/conversation sur un sujet" et enfin "ensemble de questions".
Ainsi, les élèves comprennent le but et le cadre de la rencontre qui leur est proposée.
Définition des termes
Entrevue : Rencontre concertée entre deux ou plusieurs personnes.
Entretien : Action d’échanger des propos avec une ou plusieurs personnes ; conversation suivie sur un sujet.
Interrogatoire : Ensemble de questions (souvent précises et insistantes) posées à quelqu’un.
Interview : Entretien d’un journaliste avec une personne (généralement en vue) qui accepte de répondre, pour les besoins d’un article ou d’une émission radiophonique ou télévisée, à des questions d’ordre professionnel ou personnel.
2. Mise en activité par groupe : faire une interview de son camarade.
Au sein de chaque groupe est désigné un « modérateur » de bon niveau en allemand afin de prendre en note l’intégralité des questions et de distribuer correctement le temps de parole au sein des groupes.
Ainsi, par cette mise en activité les élèves expérimentent la difficulté d’une interview non préparée et se familiarise avec les questions et les cheminements possible en expérimentant.
Une fois l’exercice réalisé, ils font état des questions posées à toute la classe et le professeur se charge, avec leurs questions comme exemple, de définir les différents types de questions qu’ils ont utilisés sans le savoir et les possibilités de réponses qui découlent de ces questions :
« Questions fermées : pour des réponses courtes (oui, non, date, nom…)
Questions ouvertes : question large sur un thème (attention : ces questions sont plus difficiles à exploiter par la suite)
Questions primaires : permettent de lancer le sujet et de recadrer (ce qui donnera le thème de l’interview pourquoi écrire sur les histoires d’amour ?)
Questions secondaires ou spontanées : permettent de rebondir ou d’approfondir les réponses de l’interviewé. Les questions de suivi ont plusieurs fonctions. Elles servent notamment à :
- Demander des explications supplémentaires sur un point mentionné par l’interviewé.
- Les termes "comment" et "pourquoi" sont très employés, de même que "quel", "qui", etc. -L’intervieweur peut aussi demander un exemple, une justification, des chiffres... ;
- Aider un interlocuteur qui aurait du mal à répondre, en posant par exemple des questions plus simples, notamment des questions fermées ; établir des liens entre différents passages de l’entretien, qu’ils soient cohérents ou au contraire contradictoires. »
3. Préparation commune de l’interview
Une fois familiarisé avec la définition de l’interview et les différents outils à leur disposition, il leur est expliqué qu’une interview se conduit suivant des thématiques qu’ils ont finalement choisis lors de leur mise en activité. Nous les listons donc ensemble au tableau et y incluons les questions qu’ils ont déjà trouvé pour construire ensemble un plan cohérent pour l’interview à venir. Les thèmes qui ont émergés ont donc été :
1-Les raisons de l’écriture de ce roman
2-D’où vient l’inspiration des personnages ?
3-Pourquoi ce twist final ?Plus généralement sur la structure du récit
4-Les projets de l’auteure dans le futur
Les élèves ont donc pu voir que le fonctionnement des thèmes suivaient une logique propre, ici chronologique (on part d’avant le roman pour arriver au futur de l’auteure) et que les questions devaient aussi suivre une certaine logique, en l’occurrence du général avec les questions primaires et fermées vers le particulier avec des questions secondaires plus ouvertes.
En fin d’heure, il a été demandé aux élèves de rechercher d’autres interviews de l’auteure disponibles, ou toute autre information qui permettrait d’éliminer ou d’affiner les questions et les thèmes déjà trouvés.
Bilan et améliorations possibles :
Les élèves ont été réceptifs et intéressés dès le début de la préparation. La perspective d’une réalisation concrète de cet enseignement leur permet de réaliser qu’ils travaillent pour eux et pour un objectif palpable et finalement moins scolaire que ce qu’ils peuvent avoir l’habitude de faire, ce qui leur donne une plus grande motivation dans la tache à accomplir.
Cependant, une préparation plus longue et une meilleure connaissance de la langue allemande aurait pu permettre de faire prendre connaissance au élèves de la structure beaucoup plus préparée que peut prendre une interview en adoptant une structure en organigramme ou flowchart voire en script ce qui permet d’être prêt à rebondir à chaque réponse de l’interviewé.
Il aurait également pu être utile de les faire répéter ainsi que de leur apprendre à minuter leur intervention pour coller à un temps défini à l’avance.
Il aurait également pu être désigné plusieurs secrétaires afin de prendre en note l’intégralité de l’interview par les élèves. Mais il aurait été encore plus intéressant de faire filmer et/ou enregistrer l’interview complète et, pour aller plus loin, leur faire réaliser différents montages de cette interview à destination de la radio, le tv ou d’internet pour leur permettre d’appréhender l’apprentissage du rythme différents de ces médias. Les montages à destinations de la tv ou d’internet aurait également pu permettre au élèves de travailler leurs capacités de traduction et ainsi aborder les métiers qu’ils ne connaissent pas comme ceux de la création de sous-titres.
En définitive, cette expérience a été enrichissante pour les élèves ainsi que pour les professeurs ayant travaillé en collaboration pour mettre en place cette interview.
- Est-ce que vous voulez écrire un autre livre ?
- Oui.
- Est ce que les autrichiens aiment la langue française ?
- Oui, l’Autriche est multiculturelle, à l’école on apprend l’italien, le français ... L’auteur sait parler italien, mais a pas le français. En Autriche, il y a aussi un peu de culture croate.
- Y a-t-il des différences entre la vie en Allemagne et celle en Autriche ?
- Non, il n’y a pas beaucoup de différences car ils ont la même culture. Mais les autrichiens sont plus aimables, du fait que l’Autriche est moins peuplé.
- Avez-vous eu des difficultés à publier votre livre ?
- Non, car elle avait déjà écrit un livre avec cette maison d’édition et que cet éditeur est plutôt sympathique, elle n’a pas eu de problèmes connaissant déjà les gens de la maison d’édition.
- Pourquoi avez-vous choisi deux skateboards pour l’illustration du livre ?
- Ce n’est pas vraiment moi qui a fait le choix de cette couverture. C’est simplement la maison d’édition qui est à l’origine de cette décision, de plus c’est assez logique car Kevin était un ancien skateur.
- Voudriez-vous écrire un roman fantastique ?
- J’aime beaucoup ce genre mais pour l’instant je n’est pas l’intention d’en écrire un.
- Est-ce que c’est difficile de trouver une maison d’édition ?
- Oui, c’est difficile pour les "petits auteurs". Ce qui ne sont pas célèbres. Néanmoins si on gagne un prix (comme c’est mon cas), c’est d’autant plus facile d’en trouver.
- Est-ce que vous avez un autre métier ?
- Non, plus maintenant. Avant d’écrire, je travaillais dans le cinéma.
- Dans quel pays entre la France, l’Allemagne et l’Autriche la vie est-elle la moins chère ?
- En Autriche.
- Savez-vous parler français ?
- Pas vraiment, je ne sais que dire "Je m’appelle Katherine", "L’addition, s’il vous plaît !".
- Vous avez utilisée beaucoup de mots et de structure venant du Denglisch. Pensez-vous que ces mots en anglais influencent la langue allemande ?
- Tout d’abord cette tendance vient d’après elle du progrès technologique. On pense que les jeunes regardent trop YouTube et que c’est a cause de cela, mais c’est faux. Elle ne pense pas que l’utilisation de ces mots fait mourir les langues. Elle ajoute qu’aujourd’hui on ne parle pas de la même façon qu’il y a 200 ans : cela fait partie de l’évolution de la langue. Même avec ces mots cela reste toujours de l’allemand. Elle n’est donc pas si conservative, pour elle le Denglisch est un aspect positif du progrès de la langue allemande.