Rencontre auteur de langue allemande 2017

Rencontre avec Elisabeth Etz au lycée La Bruyère de Versailles, un projet auquel ont été associés les correspondants allemands de l’établissement partenaire

, par Andrea Kother

Le contexte

Pendant le deuxième trimestre de l’année scolaire 2016/2017 j’ai conduit un projet autour de la lecture du livre « Alles nach Plan » de Elisabeth Etz. La classe concernée par ce projet était une classe de 2nde Euro, 32 élèves avec un niveau de langue très hétérogène et une heure de cours par semaine. L’objectif du projet était dans un premier temps d’inciter les élèves à une lecture en allemand plus régulière et d’améliorer ainsi leurs compétences langagières et dans un deuxième temps de motiver les élèves avec une approche différente des pratiques en salle de classe, notamment la coopération entre les élèves et une plus grande autonomie dans leur travail. Dans la classe il y avait des grands problèmes de motivation car pour quelques élèves l’intégration de la classe Euro n’était pas le fruit de leur propre choix.
Le projet a été mené en coopération avec une classe en Allemagne du Kurfürst Ludwig Gymnasium avec lequel le lycée La Bruyère a un appariement.
Le travail avec les élèves a été partagé en deux temps : la lecture du roman de jeunesse de Elisabeth Etz et ensuite la réalisation d’un reportage de style « Deutschlandlabor ».
Globalement je dois constater que le projet final était trop éloigné de la lecture et aussi trop ambitieux par rapport au temps disponible (1h par semaine).

1. Lecture du roman

Dans un premier temps j’ai travaillé avec les élèves sur le thème du livre. Ainsi ils ont assimilé le vocabulaire du thème et abordé les différents genres de livre. En parallèle le professeur de français en Allemagne a fait travailler les élèves allemands sur le même thème. Les élèves allemands ont mené une enquête sur les préférences de lectures des élèves français via un mur virtuel sur internet. A l’aide des réponses ils ont réalisé des affiches sur la lecture des jeunes français qui ont été exposé lors de la journée des portes ouvertes de leur lycée. (le lien du mur : -
https://lyceelabru.padlet.org/deutsch_kother/yewuibflwng7)

L’objectif de compréhension était avant tout une compréhension globale, les élèves devraient être capable de suivre le plot de l’histoire et comprendre globalement ce qui se passe dans le livre.

J’ai partagé la phase de lecture en deux temps : d’abord une lecture en classe et ensuite une lecture en autonomie à la maison. La lecture en classe s’est avérée nécessaire car certains élèves n’avaient pas des stratégies de lecture qui leur permettaient de passer outre les mots inconnus. En séance pleinière j’ai sensibilisé les élèves aux éléments qu’ils comprenaient déjà, pour les diriger ensuite vers un travail avec le dictionnaire en cherchant uniquement des mots clés ou des mots indispensables à la compréhension du texte. Une fois que les élèves avaient compris cette méthode, ils ont réalisé la lecture en petits groupes. La lecture pouvait se faire à voix haute, un élève qui lit aux autres, ou en étape, le groupe s’arrête après chaque paragraphe et fait un petit bilan de ce qui a été compris. A la fin de chaque chapitre les élèves avaient des tâches à réaliser. Le modèle pour ce travail étaient les ‘reading circles’ qui donnent à chaque élève un rôle précis. Pour motiver les élèves j’ai laissé le choix des rôles aux élèves :
  Fragensteller : l’élève formule 3 à 5 questions qu’il va poser aux autres élèves.
  Illustrator : réalise un dessin ou une esquisse en rapport avec le texte et explique son dessin aux autres
  Wortschatzfinder : l’élève est responsable du vocabulaire et cherche les mots dans le dictionnaire, il établit également une liste de vocabulaire important
  Zusammenfasser : doit résumer le texte lu en quelques phrases en allemand
  Vernetzer : construit des liens entre les différents chapitres
  Psychologe : analyse et décrit le caractère et les relations des personnages du livre

La lecture en groupe de lecture a très bien fonctionné.

Quelques élèves aimaient bien lire à voix haute aux autres. La répartition des rôles s’était faite naturellement, en fonction des talents des uns et autres. Par contre les élèves avaient plus de mal à réaliser chacun sa tâche de manière individuelle. Souvent le groupe cherchait ensemble le vocabulaire dans le dictionnaire, réfléchissait aux questions ensemble ou écrivait le résumé de l’histoire ensemble. J’en ai profité pour envoyer les « Fragensteller » dans les autres groupes. Cette méthode de travail me parait très intéressante, mais globalement les élèves perdent trop de temps car la répartition du travail n’est pas efficace. J’aimerais bien trouver un moyen pour rendre ce travail plus efficace. Les élèves pourraient lire une partie du texte à la maison, préparer leurs rôles et ensuite présenter au groupe leur travail. J’ai essayé, mais un grand nombre des élèves n’a pas fait le travail à la maison et la restitution en groupe n’était pas possible ou se limitait aux seuls élèves qui avaient travaillé à la maison. Les élèves prétendaient qu’ils n’avaient rien compris au texte…
Pour la lecture à la maison je me suis inspirée de la « Wochenplanarbeit ». Les élèves devraient se fixer un planning de lecture notamment pour la lecture pendant les vacances. Dans l’ensemble je constate de grandes difficultés de nombreux élèves de lire de manière autonome. Quelques élèves qui avaient les compétences langagières pour lire le texte sans difficulté n’ont pas lu, parce que le livre ne les intéressait pas. Un groupe d’élèves avec un lexique vraiment très réduit était en difficulté parce que ces élèves ne comprenaient quasiment rien. Pourtant le texte d’Elisabeth Etz était très abordable, les chapitres plutôt courts et les élèves n’étaient donc pas confrontés à une grande masse de texte pour la lecture à la maison. Je pense aussi que quelques élèves n’ont pas l’habitude de lire en français et lire en langue étrangère leur parait insurmontable.
Une fois la compréhension globale assurée, les élèves devaient restituer le texte sous forme de jeu scénique. J’ai utilisé à cette fin des outils que j’avais appris lors d’un stage en novembre ‘jeu théâtrale approche’.
Par exemple :
  mimer une image figée : les élèves choisissent une scène du texte et la représentent sous forme d’une image figée. Après la représentation, les élèves spectateur doivent expliquer (en allemand) de quelle scène il s’agit.
  réaliser une suite d’images figées : les élèves choisissent 3-5 phrases du texte et réalisent pour chaque phrase une image figée. Lors de la représentation chaque image est accompagné de la lecture de la phrase (un élève lecteur). Les élèves spectateurs commentent ensuite la représentation et expliquent les images.
  mimer une scène et inclure quelques phrases : les élèves choisissent quelques phrases du texte, jouent une scène (mime) et incluent quelques phrases qui seront dit par les personnages
Le jeu scénique a été préparé à l’aide d’exercices de théâtre en début de chaque cours.

Bilan de la lecture

Pour quelques élèves, notamment les élèves très timides ce travail a été très bénéfique. Quelques élèves avaient du mal à accepter de jouer devant les autres et ont cassé de manière systématique le jeu scénique en rigolant ou en s’adressant aux spectateurs. Je me suis rendue compte qu’il faut amener les élèves de manière très progressive pour qu’ils acceptent de « jouer » devant les autres. Il est indispensable de préparer les élèves doucement au fait de s’exposer avec des exercices d’échauffement auxquelles tous les élèves participent en même temps. La scène de théâtre doit être bien limitée, les élèves qui jouent doivent « entrer en scène » et « quitter la scène » après leur représentation pour que les rôles soient bien délimités et le jeu soit pris au sérieux.
Comme chaque représentation a été débriefée, les élèves ont dû mettre des mots en allemand sur ce qu’ils ont vu. Ils ont raconté d’abord la scène en réutilisant le vocabulaire et les connaissances acquis lors de la lecture du texte. J’ai introduit le jeu scénique pour permettre aux élèves de passer d’un travail à l’écrit (compréhension et expression) à un travail à l’oral. Des contrôles de lecture ont relevé que les élèves ont surtout mémorisé les événements du livre qui ont été représentés de manière théâtrale et ont appris au passage le vocabulaire nécessaire à la restitution.

2. Rencontre avec l’auteur

A la fin de la phase de lecture les élèves ont rencontré l’auteur du livre E. Etz. La rencontre a été préparée avec les élèves, les élèves ont réfléchi à des questions qu’ils souhaitent poser à l’auteur. Pour les élèves l’histoire du livre n’était pas claire et ils étaient très contents de pouvoir s’adresser à l’auteur. La plupart des élèves était très satisfait de cette rencontre parce qu’ils ont constaté qu’ils comprenaient les réponses de l’auteur. Cette rencontre a énormément motivé les élèves pour la suite du projet.

3. Réalisation d’un reportage type « Deutschlandlabor »

L’idée était que les élèves, en partant de la problématique du livre d’Elisabeth Etz, trouvent un sujet pour réaliser un épisode « Frankreichlabor ». Pour cela nous nous sommes demandés quels problèmes de jeunes adolescents sont traités dans le livre. Les élèves ont établi une liste qu’ils ont ensuite complété avec des thèmes qui leur paraissent également important. Grace à cette liste les élèves ont trouvé le sujet de leur reportage : « Welche Themen beschäftigen Jugendliche in Frankreich und in Deutschland heute. »

3.1. Analyse de l’émission « Deutschlandlabor »

La classe a visualisé plusieurs exemples de Deutschlandlabor pour comprendre comment cette émission était construite. Ainsi les élèves ont vu qu’il y avait 4 parties dans chaque émission :
 Zahlen und Statistiken
 Strassenumfage
 Experteninterview
 Experiment
Pour réaliser le reportage nous avons ensuite réparti les tâches et créé plusieurs groupes :
 un groupe qui réalise la présentation des « Zahlen und Statistik »
 un groupe qui réalise le micro-trottoir
 un groupe qui s’occupe de l’interview avec un expert
 un groupe qui invente et réalise une expérience
 un groupe qui s’occupe de l’animation (Moderatoren) et du lien entre les différents groupes

3.2. Travail réalisé par les groupes

Les groupes se sont bien investis dans leur travail. Le groupe ‘Zahlen und Statistik’ a trouvé dans un premier temps des statistiques sur internet qu’ils ont analysées et résumées. Mais ensuite le groupe voulait créer sa propre statistique en réalisant un questionnaire qui aurait dû être soumis aux élèves en France et en Allemagne.
Le groupe ‘micro-trottoir’ a élaboré une liste de questions et interrogé les élèves du lycée. Pour des raisons techniques le groupe n’a pas pu filmer les réponses des élèves mais écrit un résumé.
Le groupe ‘interview d’expert’ a dans un premier temps réfléchi qui pourrait être un expert pour des questions de jeunesse. Ensuite les élèves ont élaboré une liste de questions destinée à leur interlocuteur. L’interview n’a pas été fait.
Le groupe ‘expérience’ a inventé une expérience et l’a décrite en allemand, mais le groupe n’a pas eu le temps de réaliser l’expérience.
Voilà le lien avec les résultats de leur travail :
 https://lyceelabru.padlet.org/deutsch_kother/lju2pdwlueo9
 https://lyceelabru.padlet.org/deutsch_kother/6bwxpjflo0ks

Bilan de la 2° partie

La dernière partie du projet n’a pas pu être menée jusqu’au bout. Pour cela il y a plusieurs raisons :
  Le projet était trop important pour 1h de cours par semaine. Les séances sont trop espacées et le élèves ne se souviennent plus de ce qu’ils ont fait la dernière fois, le travail sur le projet était trop morcelé.
  Nous avons perdu beaucoup d’heures de cours en fin d’année (Certification, EAO, épreuves de LVO) ce qui a encore plus morcelé le travail. Et il ne nous restait pas suffisamment de temps pour finir le projet.
  Je n’avais pas anticipé les autorisations au droit à l’image. Au lycée la Bruyère les élèves ne signent pas au début de l’année une autorisation à l’image et il aurait fallu demander aux parents de tous les élèves interviewés une autorisation, notamment pour le ‘micro-trottoir’ et ‘l’expérience’ ce qui rendait la réalisation trop lourde pour le peu de temps qui nous restait.
  Le projet final était trop éloigné du travail qu’on avait réalisé avant, il aurait fallu rebondir sur les petits scènes jouées par les élèves et plutôt préparer une petite pièce de théâtre ou autre chose dans ce sens…

Bilan général

Le travail sur le projet était très satisfaisant pour la partie lecture et aussi pour la rencontre avec l’auteur. Mais il l’était beaucoup moins pour la partie réalisation d’un reportage.
Un autre problème était la collaboration avec les collègues en Allemagne. Nous ne nous sommes pas suffisamment concertés avant la réalisation des tâches. J’aurais dû rebondir plus sur le travail mené par ma collègue professeur de français et réaliser quelque chose qui ressemblait plus à ce que les élèves allemands réalisaient. Les élèves allemands n’ont pas écrit une petite présentation comme les élèves français. Quant à la collaboration avec l’autre collègue, un professeur d’allemand, elle n’a pas eu lieu. Le collègue n’a pas répondu à mes mails et la classe allemande n’a pas lu des extraits du livre comme c’était prévu au début.
En conséquence je pense qu’il sera avantageux d’avoir un projet moins ambitieux, à réaliser avec des collègues qu’on connaît bien et si possible avant la rencontre avec l’auteur ou au moins avant le mois de mars, car après il nous reste trop peu de temps pour travailler avec les élèves.

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